Dans le cadre de notre accompagnement et du financement, nous avons eu le plaisir d’effectuer une entrevue avec Mme. Fahima Nekka, professeure et chercheure à la Chaire industrielle du CRSNG en pharmacométrie – Université de Montréal. 

Fahima Nekka 

Pouvez-vous nous présenter en quelques phrases le projet financé?

« Derrière chaque avancée technologique se trouve la science. En tant que mathématicienne œuvrant dans le secteur pharmaceutique, mon objectif est d’exploiter des informations quantitatives pour améliorer la prédiction. Face à la nécessité d’innovation dans l’industrie pharmaceutique, nous développons des outils computationnels. Ces outils, fondés sur des modèles mathématiques et informatiques, visent à interpréter les mécanismes biologiques et pharmacologiques, prédisant ainsi l’impact des médicaments sur l’organisme humain. 

Notre récent travail inclut le développement d’outils d’aide à la décision permettant des simulations de protocoles thérapeutiques et de leurs issues. Ces simulations expérimentent avec des conditions non testées, explorant divers schémas posologiques et combinaisons de médicaments. Cette approche soutient considérablement les cliniciens, leur offrant un aperçu sur les conséquences de différents dosages et combinaisons de médicaments, améliorant ainsi la précision des prescriptions. » 

Quelle a été l’origine de ce projet? 

« L’origine de ce projet remonte à ma formation en mathématiques pures, où j’ai été confrontée à la logique abstraite et à l’esprit analytique. Lorsque j’ai eu l’opportunité de travailler dans le domaine de la pharmacie, j’ai été frappée par la différence de caractère entre ces deux domaines. Les mathématiques incarnent la rigueur et l’abstraction, tandis que la pharmacie offre une approche plus intuitive et expérientielle. Cette fusion intrigante de deux mondes distincts a donné naissance à la pharmacométrie. 

Mon implication a débuté lorsque des pharmaciens et médecins m’ont présenté des problèmes concrets. Par exemple, un psychiatre était confronté à la complexité des prescriptions pour des patients atteints de TDAH. C’est à partir de ces défis pratiques que nous avons commencé à élaborer des applications. Progressivement, nous avons étendu nos travaux à d’autres domaines, comme la maladie de Parkinson et les problématiques liées à l’utilisation d’antibiotiques. 

Plus récemment, nous avons consacré d’importants efforts au développement d’un outil essentiel: une plateforme modulaire en oncologie. Cette plateforme, axée sur l’immuno-oncologie, offre la possibilité de tester plusieurs traitements avant leur administration directe aux patients. Cette approche prédictive et exploratoire représente un grand pas en avant dans la recherche médicale et l’amélioration des soins. » 

À quelles problématiques répondez-vous avec votre innovation? 

« Tout d’abord, elle apporte une solution aux prescriptions médicales complexes, en offrant un outil permettant aux médecins de gérer des dosages précis et des prescriptions détaillées. Cela facilite le suivi des informations des patients, permettant une meilleure communication entre les médecins, les patients et, dans certains cas, les parents, et réduit les allers-retours inutiles. En fin de compte, cela permet d’optimiser le traitement des patients, offrant des bénéfices significatifs dans certains cas, surtout lorsque le temps pour réaliser des tests est limité. 

Voici un exemple concret illustrant une problématique: un psychiatre a reçu un adolescent et ses parents avec des prescriptions médicales très complexes. Il était difficile de déterminer les dosages précis et de créer des prescriptions détaillées. Nous avons développé un outil pour enregistrer les données du patient de façon anonyme, facilitant ainsi la communication entre le médecin et les parents. Cet outil a permis de réduire les déplacements inutiles et a offert un moyen d’enseigner et d’informer les parents plus efficacement. » 

Quelles sont les prochaines étapes du développement de ce projet? 

« Le projet financé par PROMPT se termine en mars 2024. Nous envisageons de poursuivre le développement de la plateforme en y ajoutant de nouvelles fonctionnalités et en explorant de nouvelles combinaisons. L’objectif est d’intégrer des éléments tels que la chimiothérapie et d’autres médicaments pour l’oncologie. Cette extension permettra de déterminer plus précisément quand administrer ces médicaments en fonction des caractéristiques spécifiques des patients, améliorant ainsi la capacité de ciblage. » 

Avez-vous déjà des retombées du projet?  

« Oui, nous avons constaté plusieurs retombées positives du projet. Les avantages comprennent des économies financières et de temps, ainsi qu’un intérêt accru de la FDA. En premier lieu, la formation des étudiants diplômés a été particulièrement remarquable. De plus, les outils de plateforme computationnelle suscitent un intérêt croissant des entreprises pharmaceutiques. Ces outils sont désormais accessibles aux développeurs de molécules, offrant ainsi des connaissances scientifiques essentielles. Les retombées comprennent des avancées scientifiques, des améliorations du temps et une multidisciplinarité accrue. » 

Quels ont été les bénéfices de l’accompagnement de PROMPT? 

« L’approche concrète et dédiée à la matérialisation des produits scientifiques a été grandement appréciée. Au Québec, où de nombreux fonds sont alloués à la technologie, la philosophie de PROMPT s’est avéré alignée avec les besoins du projet. Le soutien offert a permis de rendre les retombées beaucoup plus tangibles. Les développements se sont déroulés en collaboration avec l’université, où l’application pour le TDAH a été cédée à une entreprise, tandis que celle pour l’oncologie est toujours en cours de développement. » 

Si vous pouviez résumer l’accompagnement ou les bénéfices de PROMPT en une seule phrase ou une citation? 

« PROMPT a été un soutien exceptionnel à chaque étape, offrant des conseils précieux et une équipe dynamique, notamment avec l’aide appréciée de toute l’équipe disponible pour guider et soutenir dans le processus. »