Accueil / Projets financés / IA / Beam me up

Beam me up

Quand les environnements immersifs accompagnent... la vieillesse

Services aux entreprises
Montréal

Développer des technologies pour les jeux vidéo peut parfois mener à… la gériatrie! C’est ce qui est arrivé à l’entreprise Beam Me Up Labs (BMU) de Montréal.

Dès ses débuts, la compagnie a travaillé à comprendre et améliorer les réponses neurologiques des adeptes de jeux vidéo lorsque ceux-ci s’adonnent à leur passe-temps préféré. Ce faisant, elle a conçu une myriade de mesures qu’elle a décrites dans différents articles scientifiques. Et cela a fait boule de neige. « L’institut Claude Pompidou [de Nice, en France] s’y est intéressé et a contacté un de nos partenaires , l’Université de Montréal », explique Yan Cyr, PDG de BMU.


Yan Cyr, fondateur et président-directeur général de Beam Me Up

C’est que les émotions ont un effet sur les capacités cognitives. Si certains sentiments positifs peuvent les stimuler, des affects négatifs — comme l’ennui, l’apathie, la frustration — peuvent les diminuer. «  Par exemple, on sait tous qu’un étudiant qui arrive à un examen dans un état de grand stress risque d’avoir une moins bonne rétention de ses connaissances », indique Alexie Byrns, spécialiste en neuroscience et intelligence artificielle chez BMU.

Les émotions que l’on ressent dans un lieu ou une situation jouent ainsi un rôle important. Si cela est problématique pour n’importe qui, ça le devient encore plus quand l’individu souffre déjà d’un déclin de ses fonctions mentales, comme dans le cas des gens atteints de la maladie d’Alzheimer.

BMU a donc conçu des environnements en réalité virtuelle ou augmentée pour leur venir en aide. «  On est capable de mesurer les émotions de l’utilisateur dans ces lieux virtuels , indique Yan Cyr. Ainsi, grâce à l’intelligence artificielle, on peut le personnaliser en temps réel pour améliorer l’état cognitif de ceux qui s’y trouvent », ajoute Yan Cyr.

Ces environnements « neuroadaptatifs » se moulent ainsi à l’individu en altérant différents éléments sensoriels comme la musique, l’éclairage, la présence d’animaux ou d’autres personnes. « Un chien qui jappe et qui crée un malaise cessera immédiatement, explique Alexie Byrns. On peut aussi jouer sur la distance avec l’animal. Certains adorent l’avoir très proche, d’autres plus loin. » Le type de bête peut également changer. Au centre Pompidou, à Nice, plutôt que de présenter un chien aux utilisateurs, on aimait mieux… un poulain !

En tout, BMU a conçu sept différents environnements : la thérapie musicale, l’orientation, la zoothérapie, l’espace (où l’on se trouve en apesanteur), la savane, la vie sous-marine et le train thérapeutique. « Pour le train, on s’est rendu compte que les personnes qui regardent un paysage défiler sont apaisées, dit Yan Cyr. Cela maximise le contrôle des facultés qu’elle possède toujours. On peut donc en profiter pour avoir une conversation, aussi belle que possible, avec cette personne. »

Ces environnements peuvent également servir à des exercices pour aider à maintenir les capacités cognitives. Par exemple, le terrain d’orientation demande aux utilisateurs de dénicher certains objets et de trouver leur chemin. La difficulté des tâches s’adapte afin d’optimiser l’effet de l’activité tout en évitant des situations de frustration ou de découragement.

Par un curieux retour des choses, les avancées permises par ces recherches ont de belles répercussions sur les autres lignes d’affaires de BMU, dont les jeux vidéo. « La confusion et la fatigue mentale sont aussi des états vécus par les joueurs, explique Yan Cyr. Avec notre volet adaptatif, on pourrait améliorer les apprentissages et ajuster les difficultés. »

Aujourd’hui, BMU tente de développer des étalons non intrusifs pour faciliter le déploiement de sa technologie. « Les casques EEG [électroencéphalogramme] sont assez dispendieux, indique Yan Cyr. On cherche à solidifier d’autres mesures comme l’analyse des émotions dans la voix, le langage corporel ou la télémétrie afin de démocratiser ce qu’on fait. »

La technologie de BMU a de nombreuses applications potentielles et BMU a bien l’intention de les exploiter. L’entreprise travaille notamment à créer des courbes d’apprentissage les plus motivantes possible pour les étudiants, à aider les producteurs à mieux comprendre leurs auditoires et optimiser leurs contenus. « Nous avons même un étudiant qui a travaillé sur la manière dont on pourrait se servir de nos découvertes pour contrer la désinformation », conclut Yan Cyr.

Partenaire financier