L’IA au cœur des industries créatives : entre accélération et vigilance
Lors de l’édition 2025 de ALL IN, un panel animé par Antoine Auger, directeur principal du développement des affaires chez Prompt, a réuni experts et entrepreneurs pour discuter d’un sujet brûlant : la place de l’intelligence artificielle dans les industries créatives.
Dès les premières interventions, la distinction entre IA générative et IA agentique s’est imposée comme un fil conducteur. Si la première répond à une requête en produisant du contenu, la seconde agit de manière autonome, capable d’orchestrer une suite de tâches complexes. « L’IA agentique, c’est l’automatisation poussée. On peut lui demander d’organiser une campagne [marketing] de A à Z, de la création d’images au suivi client », a résumé Wemba Opota, président du C.A. de Entertainment AI et leader national des solutions en IA, IA générative et IA agentique chez Capgemini Canada.
L’IA comme levier créatif
Pour illustrer cette révolution, deux jeunes entreprises québécoises lauréates de la Bourse ALCHIMIA ont partagé leur expérience.
Maket démocratise l’architecture en permettant à tout un chacun de concevoir et de visualiser des plans de maison, sans connaissances techniques. Grâce à l’IA agentique, un utilisateur peut tester des modifications, par exemple ajouter un garage, et voir instantanément le rendu tout en respectant les règles d’urbanisme intégrées dans la plateforme.
Fabli, de son côté, propose un lecteur interactif destiné aux enfants de 0 à 10 ans. L’IA y est utilisée pour aider parents et enseignants à créer des histoires personnalisées adaptées aux besoins particuliers des enfants. L’objectif n’est pas de remplacer les auteurs ou comédiens, mais de prolonger la créativité humaine et de donner les moyens aux familles de créer des récits uniques et significatifs.
Les craintes bien réelles
Derrière ces avancées enthousiasmantes, les préoccupations demeurent fortes. Les artistes, notamment dans les domaines du doublage et de la voix, trouvent leur travail fragilisé par des IA capables de produire des résultats convaincants. Mais ces contenus, souvent standardisés, manquent d’authenticité. S’ajoutent à cela des enjeux cruciaux de propriété intellectuelle : à qui appartient ce qui est généré par ou avec une IA?
L’urgence d’un encadrement
Les intervenants s’accordent sur la nécessité de baliser rapidement le terrain. Gouvernance, acceptabilité sociale et gestion des droits d’auteur figurent parmi les défis incontournables. Comme l’a rappelé Wemba : « Dans deux ans, il faudra être prêt à gérer des milliers d’agents IA. Si nous n’anticipons pas dès maintenant, nous pourrions faire face à des conséquences difficiles à rattraper ».
Un futur en construction
Malgré l’incertitude, le panel s’est conclu sur une note d’optimisme. L’IA, loin d’être une menace, peut devenir un assistant créatif permanent, élargissant les horizons artistiques et facilitant l’innovation. Mais pour que cette promesse se réalise, l’écosystème devra trouver le juste équilibre entre innovation et responsabilité.

