Dans le cadre de notre accompagnement, nous avons eu le plaisir d’effectuer une entrevue avec M. François Légaré, professeur titulaire à l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS). Ce dernier est également le directeur du Centre Énergie Matériaux Télécommunications, et spécialisé dans le domaine de l’imagerie de la matière, l’imagerie moléculaire ainsi que la microscopie optique non linéaire de tissus biologiques.  

Depuis plusieurs années, François Légaré œuvre pour la recherche scientifique et contribue fortement aux avancées scientifiques dans le domaine de la science et des technologies lasers ultra-rapides grâce à différents projets d’envergure.  

CRÉDIT-Josée Lecompte

Pouvez-vous nous présenter en quelques phrases le projet financé? À quelles problématiques répondez-vous avec ce dernier?  

« Il s’agit d’un projet de collaboration entre deux entreprises québécoises visant à développer des impulsions laser dans la région spectrale de l’infrarouge moyen, c’est-à-dire entre 2 et 20 microns. Cette région spectrale est peu explorée en termes de technologies laser disponibles. L’objectif du projet est de concevoir de nouvelles configurations et architectures laser pour accéder à cette plage spectrale, qui revêt une grande importance pour de nombreuses applications scientifiques, notamment dans le domaine de la recherche fondamentale, comme le contrôle des molécules. De plus, il existe des applications sociétaires, notamment en matière de détection, qui tirent parti de cette région spectrale en pleine expansion. 

Actuellement, nous nous trouvons à un stade de développement technologique relativement préliminaire (faible TRL). Nous testons de nouveaux schémas pour générer et amplifier des impulsions laser dans l’infrarouge moyen. Ce projet explore également l’utilisation de fibres optiques comme moyen d’amplification dans cette plage spectrale spécifique. Par ailleurs, notre collaboration avec few-cycle Inc. repose sur une architecture brevetée par l’INRS, déjà démontrée à 1,8 microns, que nous étendons avec succès à l’infrarouge moyen. » 

Quelle a été l’origine de ce projet? 

« Tout a commencé par une collaboration individuelle avec les deux entreprises, few-cycle Inc. et O/E Land. La rencontre avec O/E Land a eu lieu en 2016 lors d’un événement industriel, soit une journée dédiée aux partenariats avec l’industrie. Pour few-cycle Inc., c’est une entreprise qui a émergé des recherches de mon équipe et plus particulièrement de Monsieur Bruno E. Schmidt lorsqu’il était stagiaire postdoctoral et associé de recherche à l’INRS. Un premier projet financé par PROMPT s’est étendu de 2015 à 2018.  

À mesure que nous réalisions l’ampleur du projet à entreprendre, nous avons proposé aux deux entreprises de travailler ensemble sur ce projet. L’idée était d’obtenir davantage de ressources et de permettre un développement plus significatif. » 

Quelles sont les prochaines étapes du développement de ce projet? 

« Avec O/E Land, nous avions l’objectif de développer un laser basé sur la fibre optique. Cependant, au cours des trois premières années, nous avions besoin d’un élément essentiel qui nous faisait défaut. C’est à ce moment-là que notre partenaire de recherche a mis au point un autre laser dans le proche infrarouge. Ce laser sera utilisé pour modifier les fibres optiques, une étape cruciale pour finaliser le projet. 

En collaboration avec few-cycle Inc., nous envisageons de poursuivre le développement de cette technologie basée sur les travaux de l’INRS. Notre objectif est d’améliorer les performances et les spécifications par rapport à ce qui a été réalisé au cours des trois premières années, en utilisant des technologies laser plus avancées que celles employées précédemment. 

Durant les trois premières années du projet, notre travail s’est principalement concentré sur l’utilisation de technologies lasers – le titane-saphir – datant des 15 dernières années. Désormais, notre objectif principal est de favoriser l’innovation et le développement de nouvelles technologies basées sur l’Ytterbium pour aller au-delà de ce qui a été réalisé jusqu’à présent. » 

Avez-vous déjà des retombées du projet telles que des innovations de produits ou de procédés, de nouveaux emplois, des ventes supplémentaires?  

« Premièrement, je suis ravi que nous ayons recruté un étudiant originaire d’Iran avec notre partenaire industriel, O/E Land. Il a effectué ses études de maîtrise à l’INRS et nous sommes fiers de constater qu’il a réussi à s’intégrer parfaitement dans le milieu industriel et qu’il continuera à contribuer au développement de ce secteur. Il travaille maintenant pour O/E Land. 

Ensuite, quant à notre collaboration avec few-cycle Inc., il convient de noter que leur technologie laser est largement utilisée dans le domaine de la recherche universitaire. Nous avons même été contactés par des institutions universitaires étrangères souhaitant travailler avec nous sur un prototype ayant un potentiel commercial significatif. 

Enfin, dans le cadre de notre partenariat avec O/E Land, notre objectif est de construire un amplificateur. Cependant, avant d’en arriver là, nous avons déjà développé une source laser femtoseconde, qui est déjà un produit commercialisé par cette entreprise. 

Depuis que nous collaborons avec ces deux entreprises, nous avons remarqué que bon nombre des développements que nous entreprenons finissent par devenir des produits commerciaux de niche, ce qui est une source de grande satisfaction. » 

Quels ont été les bénéfices de l’accompagnement de PROMPT? 

« Au Canada, et plus particulièrement au Québec, nous avons de la chance de disposer d’organismes publics tels que PROMPT, qui jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de nos projets de partenariat, que nous soumettons également au CRSNG (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada). 

Le besoin en personnel de recherche est indéniable et représente un coût significatif, avoisinant les 120 000$ par an par personne. L’accompagnement offert par PROMPT nous permet de renforcer nos équipes en recrutant des chercheurs et chercheuses qualifiées. Ce soutien exceptionnel s’étend également aux étudiant.e.s gradué.e.s et aux stagiaires postdoctoraux, leur offrant ainsi un cadre d’accompagnement optimal. 

La création de ces équipes nous permet non seulement de les maintenir en place, mais aussi de pérenniser nos partenariats au-delà de la période initiale de 3 ans du projet. Cela nous ouvre la voie vers des partenariats à long terme, ce qui renforce considérablement notre compétitivité sur la scène de la recherche au Canada et à l’international. » 

Si vous pouviez résumer l’accompagnement ou les bénéfices de PROMPT en une seule phrase ou citation? 

« J’aimerais exprimer ma gratitude envers les employés de PROMPT, qui se distinguent par leur engagement proactif en soutien à la création de partenariats de recherche. Ils ne se contentent pas d’allouer des ressources financières, ils vont bien au-delà. Leur implication se traduit par des recommandations et des suggestions précieuses, témoignant de leur volonté sincère de voir les projets réussir. Leur dévouement va au-delà des aspects financiers, il revêt une dimension personnelle profonde. En mon nom, celle de mon équipe, ainsi que mes partenaires, nous les remercions. » 

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